Sixto Rodriguez, le cool en héritage

Sixto RodriguezUn chapeau en feutre vissé sur le crane, des cheveux longs, un costume trois pièces, une redingote aux plis tombant dans la neige sale des quartiers ouvriers de Detroit, un pas tranquille, posé. S’il fallait donner un visage au cool, le voici : Rodriguez, ou plus précisément Sixto Rodriguez, icône musicale avortée,  crashée au démarrage dès la sortie de son premier album « cold fact », et ressuscitée par la magie d’un documentaire.

Pour ceux qui n’ont pas encore vu « Sugar Man » ou simplement entendu parler du phénomène, résumons simplement l’histoire. Au début des années 70, après deux albums qui n’ont pas marchés, un musicien de Détroit, pourtant considéré comme un génie musical par ses producteurs et encensé par la critique, se retire de la scène musicale. Il retourne travailler sur les chantiers de démolition, vivant de petits boulots comme tant d’autres déclassés de la « Motor city ». Dans le même temps, des copies « bootleg » de ses disques arrivent en Afrique du sud, ou en quelques années, il devient une star. L’équivalent d’Elvis, disent certains. Mais il ne le saura jamais. Pendant 30 ans, l’afrique du sud a autre chose à faire que de chercher un musicien américain que tous croient morts, et les jeunes révèrent ses disques avec le respect du à une icône disparue. Et puis un jour des critiques musicaux le retrouvent,  le font venir jouer devant des milliers de fans en furie à Capetown, et le vieux Rodriguez ne comprend pas trop ce qui lui arrive, mais fait avec sans se prendre la tête.

Voila pour le pitch. Mais la chose la plus folle dans l’affaire, c’est la réaction du musicien, qui enchainera des dates en Afrique du sud plusieurs fois dans la décennie suivante, distribuera l’argent à ses proches, et continue toujours à bosser sur les chantiers, partant le matin en costume dans la neige, son chapeau en feutre sur la tête, dans les paysages post industriels de Detroit. Il semble avoir été content de façon égale dans toutes ses vies successives, qu’il soit jeune musicien prometteur chantant sur les histoires de drogue du quartier, père d’une famille pauvre et travailleur précaire, ou icône tardive du rock sud africain. Imperturbable.  

Courrez donc voir le fascinant documentaire « Searching for Sugar Man », du suédois Malek Bendjelloul. Celui-ci est encore joué dans deux salles à Paris.


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