Edouard VII, l’homme le plus classe du monde #8

Edouard VII, Prince de GallesIl laissa un héritage considérable à la mode masculine, ainsi surement que quelques uns des plus gros pourboires accordés aux putains parisiennes de la belle époque. Héritier de longue durée, comme son lointain rejeton Charles Windsor, mais beaucoup plus rigolo que lui, Edouard de Saxe Cobourg Gotha, fils de la reine Victoria et futur Edouard VII passa ainsi la plus grande partie de sa vie à patienter. Une longue attente qui lui permis d’occuper son temps à des plaisirs un peu plus futiles que l’apprentissage de la conduite de l’empire.

Joyeux noceur, traversant volontiers la Manche pour aller fréquenter les lieux frivoles de la capitale française, et notamment le célèbre bordel « le Chabanais » où il s’était fait construire du mobilier sur mesure afin de servir ses fantaisies, le prince de Galles sera plus tard naturellement le père du rapprochement diplomatique franco-anglais connu sous le nom d’ « entente cordiale ». Les relations étrangères utilisent parfois des voies détournées, et l’on n’ose imaginer l’avenir de l’Europe si le prince de Galles avait été un pisse-froid.

Mais heureusement pour la suite, il n’en fut rien. Épicurien dont la destination favorite était le gai Paris, le futur roi se mit aussi à moderniser la mode masculine de l’époque, encore engoncé dans un style très victorien, et d’un formel peu adapté à une vie désormais plus active. C’est ainsi lui qui fut  à l’origine de la règle consistant à ne jamais attacher le dernier bouton de son veston. A la fin d’un dîner plus copieux que d’ordinaire, l’héritier avait ainsi omis de se reboutonner, ou s’était peut être déboutonné lui-même pour être plus à l’aise... L’explication originelle tient désormais de la légende, avec donc de multiples variantes. Quoiqu'il en soit, tout le monde se mit à l’imiter, comme dans la chanson de Brassens. Et la règle est restée.

Autre innovation majeure introduite par le futur monarque anglais : le revers au pantalon, appelé d’ailleurs revers prince de Galles, idée lancée un jour pluvieux de retour des courses, pour éviter de se tacher de boue. Une nouveauté qui devint rapidement un classique, particulièrement pour les costumes sport, en drap épais, tweed ou prince de galles. Quant à ce dernier tissu, il ne semble pas avoir été nommé ainsi en l’honneur d’Edouard VII, qui le porta pourtant, mais pour l’éphémère Edouard VIII, homme de gout en matière de mode mais aux opinions politiques plus que détestables, qui le popularisa définitivement.

Mais deux autres avancées sont à mettre au crédit du fils de la reine Victoria. La tenue de soirée appelée en anglais « dinner jacket », c'est-à-dire le smoking, habit décontracté convenant notamment au départ aux soirées consacrées au jeu. Il est à noter que lorsque le tailleur Henry Poole, de Savile Row, créa cette tenue pour le prince de Galles, la veste était bleue nuit, et qu’elle ne devint noir qu’au moment du deuil par Edouard de son père, le prince Albert. Le nœud papillon noir semble aussi être apparu plus tard. A l’époque celui-ci était bien évidemment blanc. Une précision qui ne surprendra pas nos lecteurs s’ils sont aussi spectateurs de l’excellente série anglaise « Downton Abbey ». Dans un des épisodes de la troisième saison, la comtesse douairière, un peu distraite et regardant ailleurs, tends son verre à son fils le comte de Grantham, persuadé que celui-ci est un serveur, à cause de son nœud papillon noir…

Si le smoking fut créé à Londres, le col préféré du Prince de Galles fut lui fabriqué à Paris, par le chemisier Charvet. Ce col, appelé HRH, pour «His Royal Highness», aujourd’hui un peu passé de mode, était haut et retourné, d’une redoutable élégance. Symbole de la reconnaissance du prince, le chemisier parisien obtint un Royal Warrant de la part de la maison royale anglaise.

Le 22 janvier 1901, Edouard VII monta enfin sur le trône d’Angleterre, prêt à diriger l’empire pour les neuf années qui suivirent. Les putains de Paris regrettèrent leur galant, et les élégants d’Europe leur inspirateur.    

Vous aimerez peut être aussi : 

Jacques ChiracChapeau en feutreOutils maroquinerie

L'homme le plus classe du monde  Nos chapeaux en feutre          Pourquoi l'artisanat ?