Les habits du pouvoir #2

Ralph Fiennes dans James Bond

Jusque-là, la chose nous avait échappé. Manque d’attention peut être. A force de voir passer sur nos écrans des générations d’hommes portant cravates sombres et costumes noirs, nos capacités d’analyse stylistiques s’émoussent.  Et c’est hier soir, installé confortablement avec une couverture en tweed sur les genoux devant Skyfall, le dernier James Bond, qu’un fait de taille est venu nous frapper : les hommes politiques anglais sont très élégants. Ce qui mena rapidement par le biais d’une simple comparaison au fait que leurs homologues français ne le sont pas. 

En guise de déclic, une scène du film dans laquelle le personnage incarné par Ralph Fiennes, supérieur hiérarchique de M, n’hésite pas à arborer une superbe paire de bretelles cousues main avec un costume trois pièces pour passer une gueulante à la patronne du MI6. Haut fonctionnaire peut-être, mais avec style. Ça change un peu du style passe-partout de nos énarques. Mais peut-on extrapoler un moment de cinéma à l’ensemble de la classe politique ? Il semblerait bien, tant les anglais ont en général une pratique plus quotidienne de la recherche vestimentaire dans le monde professionnel.

De fait, à bien regarder les journaux, décrypter les interviews, et analyser les séances de question à l’assemblée, il semble que ce genre de raffinements aient disparus depuis longtemps des écrans radars de la politique française. Et pour cause, les seuls qui essayent encore d’introduire un brin d’’élégance dans leurs tenues, tel Edouard Balladur, semblent le faire avec tellement de morgue et d’arrogance, que peu ont envie de suivre leur voie. Car s’il y a bien une chose que ne pardonnent pas les électeurs, c’est justement l’arrogance. Pour autant, faut-il s’habiller comme un sac pour recueillir l’adhésion populaire ? Rien n’est moins sûr, car les français ont du gout.

Pourtant, les hommes politiques français semblent cultiver l’art du neutre, ni trop chic, ni pas assez, en se cantonnant en général au costume noir, gris ou bleu, et à la cravate du même ton. Et pour cela, pas de différence entre droite et gauche, qu’on s’en réfère aux photos ci-dessous, montrant le gouvernement Ayrault et l’un des gouvernements Fillon. Peu osent la cravate à rayure, et ce ne sont jamais des ministres d’Etat. Quant aux quelques extravagants qui confondent fautes de gout et originalité, n’en parlons pas. N’est pas Patrick Roy qui veut, et ce n’est pas en se trompant de couleur de pantalon lorsqu’on enfile un blazer qu’on se rend intéressant aux yeux des électeurs.

Nos hommes politiques auraient-ils alors la couleur de leur époque ? Un demi ton neutre généralisé ? Peut-être bien. Mais la question mérite d’être posée. Dans un prochain billet sur notre Almanach, nous étudierons donc de plus près l’histoire de l’évolution du costume masculin chez les élites françaises. D’ici là, n’hésitez pas à vous replonger dans nos anciens articles !

 

 

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