Ça suffit la déprime ?
Et bien alors, qu’est ce qui se passe ? On fait ses bougons ? On tire la tronche ? On joue à celui qui se déteste le plus ? Passer quelques semaines en France après avoir vécu à l’étranger durant plusieurs années peut vous provoquer un sacré choc ces temps-ci. Pas une seule personne n’avouant envier votre exil. Pas un clampin un peu fier de son pays. Tous moroses ? Et dire qu’on croyait encore que la devise de la République était liberté, égalité, fraternité. A en écouter l’homme des rues, on tournerait plutôt depuis quelques mois à fatalisme, peur, chômage. Les français ne s’aiment plus, n’aiment pas non plus ceux qui ne les aiment plus, mais - et c’est tout à fait nouveau - n’aiment même plus s’aimer.
Difficile à croire en parcourant Paris un de ces matins de décembre où le soleil s’invite par temps sec et vient écraser les avenues de lumière blanche. Il faut surement être parti longtemps pour redécouvrir la ville dans sa beauté nue. Pour comprendre aussi ce qu’ont les terrasses des cafés d’unique, le croustillant d’une baguette d’exceptionnel, et la robe d’un Bourgogne de fabuleux. Qui n’a pas parcouru les allées d’un supermarché anglo-saxon avec rage, fouillant frénétiquement entre les bouteilles de picrate en espérant trouver du pastis, ne pourra peut-être nous comprendre.
Quel étrange mal s’est donc abattu sur la France, mieux lotie que la plupart de ses voisins, et pourtant chroniquement dépressive ? Un pays qui fait toujours partie des 10 premières puissances du monde, et qui chouine comme si les trois quarts de sa population souffraient de la malaria. Est-ce la somme des mécontentements ? Pigeons et bonnets rouges, volatiles anti fiscaux, jacqueries modernes… Mais par-delà les points de vue politiques, les français savent ils la chance qu’ils ont ? Combien louent notre choix de travailler à l’étranger, pensant que celui-ci correspond à de basses raisons financières. S’ils savaient comme il est plus simple de monter une entreprise en France, terre bénie où les entrepreneurs peuvent toucher le chômage ! Un mot quasiment inconnu en Angleterre.
Facile d’aimer son pays à distance, vous direz nous ? Peut-être, mais ça ne change rien au constat. Nous travaillons avec la France tous les jours, que cela soit avec nos fournisseurs ou avec nos clients, et nous n’avons jamais eu de raison de nous en plaindre. Vu avec l’angle entrepreneurial atypique qui est le nôtre, la France reste un réservoir incroyable de talents, comme nous avons pu encore nous en rendre compte lors de nos rencontres durant ces trois semaines passées à Paris. Combien de jeunes, et moins jeunes d’ailleurs, se lançant dans une aventure créative, décidant de devenir tailleur, gantier, menuisier ? Beaucoup nous ont rendu visite à la boutique, et nous avons été ravis de les écouter parler de notre passion commune pour l’artisanat. Il faut dire qu’à l’époque de Facebook, la chose tient du miracle ! Combien aussi de jeunes bloggeurs talentueux, pleins d’inspiration, et capables d’écrire chaque jour sur leur passion sans aucune contrepartie pécuniaire ? Combien encore d’entrepreneurs passionnés, cherchant avant tout un challenge excitant plutôt qu’une voie express vers le premier million ?
Il ferait beau voir qu’avec une histoire aussi longue que la nôtre, nous finissions par nous faire abattre par un nuage morose. Avoir résisté aux vikings et à la peste noire pour finir engloutis par quelques hausses d’impôts… Allons bon !
Valentin Goux
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