L’entrepreneuriat, science inexacte.

Roosevelt Si vous avez un jour la chance d’ouvrir votre propre entreprise, voici un petit conseil qui pourrait beaucoup vous servir : avant toute chose, allez voir votre banquier. Appelez-le pour le moindre chèque à signer, le plus petit évènement à organiser, la plus insignifiante des décisions. Ecoutez le, notez ses conseils, prêtez attention au moindre détail. Et puis… faites exactement le contraire. De A à Z. Vous a-t-il conseillé de ne jamais ouvrir une boutique, afin de maitriser vos couts fixes ? Appelez tout de suite un agent immobilier spécialisé pour reprendre un fonds de commerce dans la minute. Vous demande-t-il de préparer un plan d’économie ? Convoquez tous vos partenaires et rincez-les au champagne. Est-il réticent à l’idée d’une embauche ? Préparez contrats de travail et stylo, et faites péter les CDI ! Structurellement apeuré à l’idée de toute forme de risque, le banquier passe ainsi sa vie à donner des conseils à des gens dont le métier est d’en prendre. Paradoxe ? Oui, l’économie est ainsi faite.

Mais le banquier est-il le pire de tous vos mauvais conseillers ? Rien n’est moins sûr… il n’est en tout cas pas le seul. Toute personne ayant dirigé un projet créatif ou monté une entreprise le sait déjà : l’enfer, c’est les autres. Tous ceux qui ne font rien mais pensent tout de même savoir mieux faire que vous. Les lourds quoi…. Tentons donc  d’établir une petite typologie énervée des lourdingues que les entrepreneurs se coltinent.

Bankers

Tout commence surement avec le copain travaillant dans la finance, premier à placer ses conseils de Golden boy pour vous apprendre à devenir riche en trois leçons : « Ecoute Coco, j’ai fusionnés trois usines l’année dernière en république tchèque, je sais un peu comment marchent tes supply chains. Baisse tes couts, baisse tes prix, y a que ça de vrai. » La qualité, le temps, le tour de main ? Rien à foutre ! On causera chaine de montage, vente directe et délocalisation. Merci l'ami, mais on repassera quand on sera devenus vieux et cons. Il y a aussi la prof de maths. Votre pote d’enfance qui ne comprends pas comment on peut se mettre autant de pression sur le coin de la tronche, alors que la France regorge d’emplois plus simples : « C’est super courageux tout de même de faire ça. Vraiment je vous admire. Mais s’il te plait, arrête d’en parler à mon biquet, ça lui donne des idées. Il est très bien à la Poste, son boss lui a promis la direction du bureau d’Arcachon pour l’année prochaine. » Chacun ses rêves, mais nous au moins on rigole.

Banker

Vous trouverez parfois sur votre chemin une emmerdeuse première classe : la cousine qui bosse dans le luxe. Celle que vous croisez l’été, dans les mariages. « Nan mais attends, j’allume ma clope et je t’explique… Tu vois, le truc c’est de vendre du rêve. Baisse tes couts, monte tes prix. En temps de crise, y a que les milliardaires qui achètent. » Vous la perdrez dès la deuxième coupe de champagne, lorsqu’elle se rappellera que même à la sous-direction com d’un des plus grandes marques de luxe mondiale, elle est toujours stagiaire à 29 ans. Viendra ensuite l’oncle pubard : « C’est quoi ces produits ? Les jeunes ils s’en foutent des cravates. Même moi j’en ai pas mis une depuis l’élection de Mitterand. » Et personne pour lui dire que si c’était pour mettre des tunisiennes en lin blanc, il ne fallait peut être pas se donner tant de mal…

Mais la liste ne s’arrête pas là ! Attendez d’avoir croisé le pote riche, oisif aisé plein de bons conseils : « Moi si j’étais toi je mettrais un petit plus de budget dans la com. Pas grand-chose tu vois, dans les 500 000 par an. Juste histoire de faire tourner la machine. » Merci l’ami, c’est sympa de penser aux copains. Mais tout ça n’est rien à côté du journaliste croisé en soirée, à moitié saoul depuis l’âge de sa première pige : « Bah, c’est con, pourquoi t’as pas pensé à contacter GQ? Ils te feraient un super papier ! » Pas bête, merci bien du conseil, on y avait pas songés tout seul.

Banker

Mais la liste ne serait pas complète sans l’élu du quartier, celui que vous croisez 30 fois dans les deux mois précédant les municipales, et qui change ensuite de numéro : « Oh ben oui, on adore les jeunes qui se bougent nous ! On peut vous mettre à disposition un local dans la ZI, juste derrière la poissonnerie industrielle. Ça vous irait ? »

F.McKenzie, employé en colère.

Note de la direction : les faits reportés étant purement fictifs, toute similitude avec des personnes côtoyées depuis deux ans ne pourrait être que pur hasard. En cas de litige sur l’origine de l’inspiration de notre employé écossais préféré, prière de vous adresser aux bureaux des plaintes de Monsieur London, délocalisé à Zanzibar pour une période indéterminée. 

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