La casquette, meilleure amie de l'homme ?
Afin de poursuivre notre série sur les grands classiques estivaux, passons cette semaine à un indispensable : la casquette. Un couvre-chef que nous avons tous portés, sous une forme ou sous une autre, dans notre enfance ou à l’âge adulte. Pourtant, la casquette est souvent fort méprisée des élégants, qui n’y voient qu’un rejeton « casual » parmi d’autres de la culture américaine. Grossière erreur ! Avec le chapeau en feutre, la casquette forme l’un des deux galurins indispensables chez tout homme de gout, bien avant le bonnet, tout à fait acceptable sur les pistes de ski ou le pont de la Calypso, mais pas sur les boulevards.
Dérivé, comme beaucoup d’autres pièces, du vestiaire militaire, la casquette a gagné les cranes européens au cours du 19e siècle. Auparavant bien sûr, les hommes portaient déjà d’autres couvre-chefs pour se protéger des rigueurs du temps, dont l’indispensable béret. Mais ceux-ci n’avaient pas de visière. De fait, c’est bien cette invention qui précipita le règne de la casquette, d’abord chez les étudiants et les jeunes hommes, puis parmi l’ensemble de la société. Adoptée par les ouvriers à l’usine, comme par les aristocrates lors de parties de campagne, elle évolue dès lors, et devient Deerhunter (la casquette de Sherlock Holmes), Flat cap ou encore Ascot (rigide) en Angleterre. A la fin du siècle, la Flat cap en tweed devient un incontournable du style écossais tant prisée par la noblesse européenne. Et tant pis pour les vrais couvres chefs traditionnels de la région comme le Balmoral Bonnet ou le Tam o’Shanter.
En France, la casquette à 8 côtés s’installe, gagne le cœur des foules, et devient quasiment universelle. C’est celle portée par Raimu, dans le César de Korda dont nous parlions récemment. Échaudés par un produit trop populaire pour être honnête, les bourgeois passent alors au chapeau. La casquette devient un des emblèmes de la génération qui porte au pouvoir le front populaire, au point de finir par devenir un des éléments de la caricature du communiste. Puis, par déformation politique d’une époque peu sujette aux nuances, du voyou. Le marlou parisien porte la casquette, comme l’ouvrier syndicaliste. Les deux étant tout aussi abhorrés par le faubourg saint Germain.
Après la seconde guerre mondiale, la casquette revient dans sa version américaine. Les bases militaires du libérateur s’installent en Europe, et les enfants des années 50 découvrent avec fascination le chewing-gum, les Lucky Strike et la casquette « baseball ». Un jeu qui n’arrivera jamais à s’imposer en Europe, mais dont le couvre-chef devient un incontournable pour la jeunesse dans les décennies suivantes. Le tout cumulant dans les années 80, époque où culmine peut être la pop culture américaine. Tous les enfants de France et de Navarre ont désormais une casquette comme celle des gamins de New York.
A la fin de la décennie, la casquette traditionnelle, façon flat cap, mais en tissu plutôt qu’en laine, refait son apparition pour un court moment, portée par certains représentant de deux sous cultures, le Hip Hop, et le mouvement Skinhead. Associée ensuite durant les années 90 de façon réductrice à un style vestimentaire banlieusard, la casquette « baseball » devient ensuite la meilleure amie du survêtement synthétique, pour le drame des yeux. Il faudra finalement attendre la fin de la décennie suivante pour que ce couvre-chef fasse son retour, porté désormais sous ses différentes formes par des hommes plus si jeunes.
Pour nous, la casquette en tweed reste un indispensable du style masculin, été comme hiver. Bien entendu, celle-ci n’est pas portable sur la plage, mais des versions en lin ou en coton sont aussi très élégantes. (Nous proposerons d’ailleurs celles-ci pour l’été prochain au côté de notre collection de casquettes écossaises.) Quand à la casquette Baseball, elle complète de façon charmante une tenue décontractée, et de nombreuses marques proposent désormais des produits de qualité, à l’instar de « Larose » dont nous parlions récemment.
F.McKenzie
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