Vive les ouvriers francais !

ouvriers francaisC’est l’histoire du moment, presque trop caricaturale pour être vraie. Un patron américain, du style libertarien en colère, envoie une lettre d’insulte pleine de préjugés au ministre du redressement productif à propos d’une usine française qu’il n’a pas voulu reprendre. On connait le refrain, typique du « french bashing » : Les français ne bossent pas, ils picolent toute la journée au café, s’arsouillent la tronche en parlant philosophie pendant que le reste du monde se tue à la tache. Syndicats partout, productivité nulle part. La presse s’émeut, le patron persiste, le ministère contre attaque. Drame transatlantique

Au-delà du verbiage raciste auquel semble être habitué le CEO de l’entreprise Titan international, Maurice M. Taylor, il s’agit d’analyser le fond. Passons rapidement sur le fait que la société de ce triste sire vendeur de pneus soit trente cinq fois moins rentable que Michelin, un de nos fleurons industriels, pour se pencher sur les accusations proférées. Les ouvriers français ne travailleraient que trois heures par jour… Evidemment, nous n’avons jamais visité l’usine Goodyear d’Amiens nord, et notre expertise se porte plus sur le secteur artisanal français, avec lequel nous travaillons quotidiennement. Néanmoins, ayant eu l’occasion de visiter à plusieurs reprises certains sites industriels du bassin lorrain à l’occasion de reportages sur la sidérurgie il y a quelques années, l’auteur de ces lignes peut vous assurer que ces ouvriers là, dont certains avaient commencé à travailler à 16 ans, ne faisaient certainement pas semblant de bosser. Surtout lorsqu’ils montaient dans les haut fourneaux pour nettoyer à  la flamme des impuretés à plusieurs dizaines de mètres de hauteur.

Mais sans aller jusqu’à l’industrie lourde, la France est un pays grouillant de savoir-faire incomparables, et regorgeant d’envie d’entreprendre et de travailler. Depuis que nous avons commencés à créer Monsieur London, il y a un an, combien de petites entreprises avons-nous découverts, émerveillés par la qualité du travail de leurs ouvriers. Il suffit de se plonger dans la liste des entreprises ayant reçu le label « patrimoine vivant » décerné par le ministère de l’industrie pour apercevoir l’étendue des talents disponibles. Que l’on songe par exemple à Faglin, qui fabrique nos boutons de manchette dans la région parisienne. Combien d’entre nous seraient capables de graver un lapin à la main sur un bout de métal d’un cm de large ? Et nous pouvons en dire autant sur les processus de fabrication de nos gants ou de nos chapeaux, fabriqués en France eux aussi. Combien aussi de créations d’entreprises, de jeunes gens motivés reprenant des PME en fin de course, d’ouvriers se groupant en coopératives pour sauver l’outil de production ? Rappelons par ailleurs que les productivités françaises et américaines, deux pays que Maurice M. Taylor fustige pour leur étatisme, étaient  les plus elevés du G7 lors des dernières études sur la question parues fin 2011, et portant sur les chiffres de 2010. Par rapport au reste de l’Europe, sur un indice 100, la France possède une productivité de 116, contre 105.6 pour l’Allemagne. De quoi réfléchir un peu avant de s’énerver contre les travailleurs français… 

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