L'an prochain à Vienne

Noeud papillon noirOn en a connu des réveillons. Depuis le temps, ca serait même devenu une sorte d’obligation que ca n’étonnerait personne. Petit, toute l’affaire nous paraissait un peu incongru, emprunté, comme une réplique sismique païenne de Noël, sans les cadeaux, mais avec des vieux bourrés à la maison. Pas de quoi flamber. Et puis on est devenu vieux nous aussi, ou on a commencé à s’y préparer. Alors on s’est mis à aimer le champagne, les feux d’artifices ont cessés de nous faire peur, et puis on s’est rendu compte que les filles étaient moins farouches sous le gui, même sans gui. Ca doit être un truc astrologique, un solstice quelconque, une connerie solaire, le genre de choses que même les codex mayas n’expliquent pas. La planète, ou tout du moins son hémisphère supérieur gauche, prend feu ce soir là. Et comme la solitude ne nous a jamais bottés, on a fini par prendre le pli.

 Evidemment, entre les années ou on est invités à cinq soirées sans pouvoir choisir, et celles ou on s’active sur Facebook deux heures avant le passage à la nouvelle année pour trouver un endroit ou squatter, difficile d’avouer qu’au fond, tout ce dont on rêverait serait de gagner la loterie pour le concert du nouvel an à Vienne. Mais il faudrait déjà qu’on joue. N’empêche  que ca serait chic de pouvoir écouter la Marche de Radetzky dans la Goldener Saal, entouré de gens en costume frappant leurs mains en chœur. On pourrait mettre un smoking bleu nuit, un noeud papillon noir, une paire de bretelles moirées, des choses qui changent un peu de l'ordinaire. Autre chose que boire du champagne à Paris ou à Londres, un peu plus élégant, plus distingué. Mais encore une fois, ca n’arrivera pas, et on restera chez nous une année de plus. Alors on embrassera quelques filles, bien avant minuit, ou une fille bien, avant minuit. On boira, discutera, s’amusera, comme tous les autres soirs de l’année. Pas de quoi pavoiser, mais bon c’est la tradition.

Ca a aussi du bon les traditions remarquez. A Naples, le soir du nouvel an on balance des vieux trucs par les fenêtres. Ca doit être amusant. Et puis c’est moins compliqué qu’à Paris om il faut appeler les encombrants pour chaque meuble suédois dont on peut enfin se débarrasser. Mais du coup il semble plus sur de rester chez soi. Qui ira prendre le risque de se faire balancer sur la tronche une vieille télé noir et blanc par une Mama en forme ? Non décidément, je préférerais vraiment passer mon réveillon à Vienne.

 

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