Marcello Mastroianni, l’homme le plus classe du monde #5
Marqué à vie par son personnage de dandy décadent de la Dolce Vita, Mastroianni incarnait plus que tout autre le détachement, la légèreté face à l’absurdité du siècle. Brillant dans des films aussi subversifs que " La grande bouffe " ou "Touche pas à la femme blanche!",Mastroianni a promené sa silhouette dans le cinéma européen des années 60 aux années 80, imposant une présence tout en finesse. Tout doucement, un peu comme il s’en va mourir à la fin de la Grande bouffe, attendant son heure dans une Bugatti froide.
Côté style, Marcello Mastroianni se signale par un sans-faute absolu. Même lorsqu’il portait une chemise noire et un costume blanc, sur la plage dans " la Dolce Vita ", cela lui allait toujours cent fois mieux qu’à Eddy Barclay. Et comme tout homme de gout, son élégance était palpable dans les derniers détails.
Marcello Mastroianni portait volontiers des poignets mousquetaires fermées à l’aide de boutons de manchettes. Dandy averti, il était un acheteur fidèle des chaussettes de la maison de vêtements ecclésiastiques Gammarelli, qui habille les papes depuis 1790. Car en Italie, on peut jouer dans des films menacés de mise à l’index tout en portant les mêmes vêtements qu’un cardinal, sans problème. La péninsule est coutumière des rancœurs élégantes, et il est à parier que Colonna et Orsini, Guelfes et Gibelins, ou encore partisans de l’Autriche et du Piémont ne se soient jamais affrontés jusque chez leur tailleur. Le Vatican inventa la trêve de Dieu, les italiens celle du style. Et il n’est d’ailleurs pas étonnant que l’Italie soit le seul pays ou des groupes politiques aient le nom de vêtement masculin, chemise rouge ou noire selon les saisons idéologiques.
Mais revenons à Marcello Mastroianni, même s’il est dur de ne pas se laisser emporter par l’histoire lorsqu’on évoque le cinéma italien des années 70, tant il fut obsédé par le sujet. Au-delà des détails, certes importants, comme les chaussettes ou les boutons de manchette, comment expliquer l’élégance éternelle du personnage ? Coupe de cheveux impeccable, regard profond, désinvolture, cigarette fumée négligemment ? Tout ça bien sûr, mais pas seulement.
Si l’on prend les milliers de photos disponibles sur internet une par une, un élément finit par sauter aux yeux du gentleman averti : Marcello Mastroianni était la simplicité incarnée. Il ne portait que des éléments classiques du vestiaire masculin… mais parfaitement. Car s’habiller simplement n’est pas simplement s’habiller, et gare à ceux qui croient que le minimalisme leur permettra de cacher une absence de gout. Il est certes moins difficile de se fourvoyer totalement en portant tous les jours une chemise blanche, un pull noir, un jean et des souliers noirs, mais l’œil est alors beaucoup plus attentif aux détails. Détails dans lesquels Mastroianni excellait, comme souvent d’ailleurs les gentlemen italiens.