Vive la couleur!

Longtemps, le noir m’apparut comme la couleur de l’élégance. Affinante, discrète et sobre, elle me paraissait alors parée de toutes les vertus stylistiques, embellissant les moins imaginatifs, et empêchant par essence les faux pas. Simple. Mes tenues étaient donc sombres, mes chaussures aussi, et mes manteaux encore plus. Et puis petit à petit, des touches de couleur apparurent dans ma commode. Je me mis à évoluer, surement au fur et à mesure d’une certaine prise de confiance professionnelle, et à teinter mon style de plus en plus de coloris.

C’est  il y a quelques jours, au détour d’une conversation avec un ami - par ailleurs le talentueux designer de ce site - que m’apparut l’ampleur du chemin parcouru. Est-ce le fait de vivre en Angleterre ? Il est vrai que les britanniques n’ont jamais eut peur de porter pantalons verts et chemises roses, histoire surement d’oublier la persistance grisâtre de l’outre percée qui leur sert de ciel. Mais la cause est surement plus profonde. Aujourd’hui, porter du noir m’apparait comme la dernière des facilités, celle qui empêche toutes les erreurs. C’est ce qui me motivait à en porter il y a des années, et qui me rebute aujourd’hui. S’affubler d’oripeaux couleur d’encre, en plus de foutre un coup permanent au moral de son entourage, revient à affirmer très haut son absence d’imagination, son manque de style, et son peu de gout.

Dans « l’année où j’ai vécu selon la Bible », l’excellent journaliste d’Esquire A.J. Jacobs explique le changement d’humeur que lui apporte le fait de se conformer au vieux précepte hébraïque de ne porter que du blanc : les gens le regardent un peu bizarrement au début, mais il lui semble aussi qu’on ne peut pas être malheureux habillé de la sorte. Il me semble qu’il y a du vrai là dedans. Si notre environnement est capable d’influer sur notre tempérament, il parait certain que nos vêtements reflètent autant notre humeur qu’ils influent sur celle-ci.

En France, il reste du chemin à faire. Pour le néophyte, voici la liste des vêtements noirs à oublier, à part si votre qualité professionnelle (ecclésiastique, croquemort ou cuisiner branché) recommande l’usage de ce sombre attribut : On commencera donc par oublier la chemise noire, généralement portée avec une chaine autour du cou, puis le costume noir, à part si l’on veut passer pour un garçon de café, et enfin le manteau noir, porté de pair avec la bedaine par nombre de nos élus pour « faire simple. » (Consultez notre série sur les habits du pouvoir pour plus de détails sur le style navrant des hommes politiques francais). 

 Est on donc si incapable d’associer deux couleurs ? La base est pourtant assez simple: le rouge va bien avec le vert, celui-ci apprécie le bleu, qui s’associe pour sa part sans peine au brun. Et si vraiment vous n’aimez porter que du sombre, autant se mettre au bleu nuit, beaucoup plus élégant. 

F. McKenzie

 

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