Le savoir faire français, les banques et le mass market.

Deux nouvelles apparemment sans aucun lien viennent de s’inviter dans l’actualité française : L’Oscar accordé aux costumes de Gastby, récompensant notamment le travail de la dentelle de l’entreprise française « Solstiss », et la fermeture programmée de la coopérative de lingerie haut de gamme des « Atelières », créé par les ouvrières licenciées de la société Lejaby il y a un peu plus d’un an.

Rescapée des fermetures des ateliers du nord de la France dans les années 70 grâce à l’association de plusieurs sociétés, « Solstiss », qui bénéficie du label Entreprise du Patrimoine Vivant (comme plusieurs des fournisseurs de Monsieur London), voit son travail reconnu, et ses commandes à coup sûr augmenter. Ce n’est que justice. A l’opposé, les ouvrières des « Atelières » se retrouvent aujourd’hui forcés de fermer, malgré un beau projet, par la faute du manque de soutien des banques. Des banques qui très souvent, ne misent pas un sou sur un projet entrepreneurial naissant, et ceci particulièrement dans les domaines de l’artisanat haut de gamme, pourtant secteur clé de l’économie française.

Le succès de « Solstiss » montre pourtant avec force la puissance de notre pays sur ces activités hautement qualifiées, pour lesquelles les français possèdent un savoir-faire unique, aujourd’hui recherché dans le monde entier. Mais pour une entreprise qui se maintient, combien coulent ? Par faute d’investissement, beaucoup se retrouvent souvent dans des situations dramatiques, n’ayant pas pu mener à bien le renouvellement d’un personnel vieillissant, ou ayant complètement raté le passage à l’ère numérique, disparaissant ainsi du paysage de leurs nouveaux clients potentiels.

Dans notre domaine, celui des accessoires pour homme, peu sont encore debout. Trois ganteries à Millau, quelques chapelleries dans toute la France, une poignée de tailleurs dans les grandes villes. Et la liste s’amenuise chaque année. Seuls restent souvent ceux qui prennent le virage de l’ultra luxe, rendant par la même occasion leurs produits inaccessibles au commun des mortels.

Il y a une semaine, dans M, le magazine du Monde, un article titré « La mode de rue à la Française » s’interrogeait sur « la capacité de la France à rivaliser » avec les « colosses étrangers de la mode à petit prix ». Et l’auteur de citer Zara, H & M, Primark, Forever 21 ou encore Topshop. Ce à quoi Daniel Wertel, président de la Fédération du prêt-à-porter féminin répondait de façon très juste : «Mais pourquoi y aurait-il une nécessité à s'imposer sur ce marché-là ? » Commençons déjà par défendre ce que nous savons faire, avant d’aller rivaliser avec ce qui se fait de pire sur le plan humain et écologique dans le marché de la mode.

Valentin Goux.

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