"Made in France" ?
De fait, il semble aujourd’hui que la toile fleurisse de sites ayant pour objets la célébration des valeurs qui nous tiennent à cœur, sans pour autant que l’on trouve derrière l’écran beaucoup de produits en rapport avec celles ci. C’est à se demander si les écoles de commerce ne se sont pas mises dans les derniers mois à donner des cours de « patrimoine washing » à leurs étudiants, sur le modèle du « green washing » appliqué depuis longtemps dans les grandes entreprises. L’écologie faisait vendre hier, dans une période d’inquiétude autour du changement climatique, l’artisanat et le savoir faire font vendre aujourd’hui, alors que l’Europe est plongée dans la crise. Certains ont bien compris le potentiel rassurant de ces images traditionnelles, marques d’un temps moins compliqué ou la mondialisation ne menaçait pas nos emplois ni ceux de nos proches.
A cet égard, il est étonnant de voir le nombre d’entreprises se réclamant désormais du « made in France ». En 2013, cette dénomination a-t-elle encore un sens ? Certainement en matière de production industrielle, de grandes sociétés, ou encore d’emplois stratégiques. Mais pour ce qui est de l’habillement, de la mode et des accessoires, la tendance nous parait plus relever de la stratégie de communication que d’un réel intérêt. Certes, il est important de sauvegarder nos savoir-faire en matière de chapellerie, de ganterie, de dentellerie ou encore de soierie. Si l’on n’y prenait garde, des centaines d’années d’expérience pourraient parfois disparaitre en quelques années, notamment par le simple truchement d’un départ en retraite d’entrepreneur n’ayant pas trouvé de repreneur. Mais faut-il pour autant se fermer à toute influence extérieure ?
Dans l’habillement comme dans la cuisine, deux pratiques du quotidien, la France a toujours sur tirer le meilleur des influences étrangères pour en faire les siennes, incorporant à sa culture les épices, tissus et autres tours de mains venus de l’étranger. Beaucoup de nos noms de légumes ou d’étoffes viennent d’ailleurs de l’arabe, souvenir d’une époque ou les produits du monde entier s’échangeait à travers la méditerranée. Faudrait-il alors aujourd’hui cesser ces échanges internationaux ? Comme toutes les tendances, le soin apporté à la production locale est aujourd’hui dévoyée par beaucoup, qui le simplifient à outrance pour des raisons de simple marketing. C’est dommage.
F. McKenzie
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